jeudi 20 mai 2010

Le coureur

Il court.
Celui qui cherche son destin court.
Dans la rue montréalaise,
Il court.
Celui qui fuit son destin court.

Il ne tient pas compte de ce qui l'entoure.
Il regarde droit devant,
Il court.

Les lumières rouges,
Ne le font pas frémir.
Les lumières rouges,
Ne le font pas ralentir.

Je le regarde de ma fenêtre,
Ce pauvre bougre qui court toujours
Et je me demande pourquoi il court.

Assise dans mon salon,
Je vois son destin le rattraper.
Assise sur mon futon,
Je vois son destin le fracasser.

Il s'écroule, celui qui court.
Il s'écroule et pleure en silence,
Pleure le temps perdu,
Pleure le temps passé.

Il pleure de n'avoir pas vécu,
Il pleure de n'avoir d'autres souvenirs
Que sa course contre le temps.

Et moi je pleure,
Car assise dans mon salon,
Assise sur mon futon,
J'ai laissé le temps filer,
Sans tenter de le rattraper.

Je suis restée assise,
Moi qui aurais voulu courir vers ma destinée.
L'autre a perdu sa vie à courir,
Sans voir la sienne défiler.

Savoir être maître de sa destinée,
Est un art que, ni l'un ni l'autre,
N'avons su apprivoiser.

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